Titre : |
PIECES COSTUMEES : L'ALOUETTE & BECKET ou l'Honneur de Dieu & LA FOIRE D'EMPOIGNE |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Jean Anouilh (1910-1987), Auteur |
Editeur : |
Paris : La table ronde |
Année de publication : |
1967 |
Importance : |
371 |
Format : |
13,5x20,5 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
00171002420809 |
Langues : |
Français (fre) |
Résumé : |
Un décor neutre, des bancs pour le tribunal, un tabouret pour Jeanne, un trône, des fagots.
La scène est d'abord vide, puis les personnages entrent par petits groupes.
Les costumes sont vaguement médiévaux, mais aucune recherche de forme ou de couleur; Jeanne est habillée en homme, une sorte de survêtement d'athlète, d'un bout à l'autre de la pièce.
En entrant, les personnages décrochent leurs casques ou certains de leurs accessoires qui avaient été laissés sur scène à la fin de la précédente représentation, ils s'installent sur les bancs dont ils rectifient l'ordonnance. La Mère se met à tricoter dans un coin. Elle tricotera pendant toute la pièce sauf quand c'est à elle.
Les derniers qui entrent sont Cauchon et Warwick.
WARWICK, il est très jeune, très charmant, très élégant, très racé. - Nous sommes tous là ? Bon. Alors le procès, tout de suite. Plus vite elle sera jugée et brûlée, mieux cela sera. Pour tout le monde.
CAUCHON. - Mais, monseigneur, il y a toute l'histoire à jouer. Domrémy, les Voix, Vaucouleurs, Chinon, le Sacre...
WARWICK. - Mascarades ! Cela, c'est l'histoire pour les enfants. La belle armure blanche, l'étendard, la tendre et dure vierge guerrière, c'est comme cela qu'on lui fera ses statues, plus tard, pour les nécessités d'une autre politique. Il n'est même pas exclu que nous lui en élevions une à Londres. J'ai l'air de plaisanter, monseigneur, mais les intérêts profonds du gouvernement de Sa Majesté peuvent être tels, dans quelques siècles... Pour l'instant, moi, je suis Beauchamp, comte de Warwick ; je tiens ma petite sorcière crasseuse sur une litière de paille au fond de ma prison de Rouen, ma petite empêcheuse de danser en rond, ma petite peste - je l'ai payée assez cher...
(Si j'avais pu l'acheter directement à ce Jean de Ligny qui l'a capturée, je l'aurais eue à un prix raisonnable. C'est un homme qui a besoin d'argent. Mais il a fallu que je passe par le duc de Bourgogne. Il avait été sur l'affaire avant nous, il savait que nous en avions envie et, lui, il n'avait pas besoin d'argent. Il nous l'a durement fait sentir.)
Mais le gouvernement de Sa Majesté a toujours su payer le prix qu'il fallait pour obtenir quelque chose sur le continent. Elle nous aura coûté cher, la France !... Enfin, je l'ai ma pucelle...
Il touche Jeanne accroupie dans son coin du bout de son stick.
C'est d'un coût exorbitant pour ce que c'est, mais je l'ai. Je la juge et je la brûle.
CAUCHON. - Pas tout de suite. Elle a toute sa vie à jouer avant. Sa courte vie. Cette petite flamme à l'éclat insoutenable - tôt éteinte. Ce ne sera pas bien long, monseigneur.
WARWICK va s'asseoir dans un coin, résigné. - Puisque vous y tenez. Un Anglais sait toujours attendre. |
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